20 novembre 2018
La déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique adoptée à Matane sous les applaudissements
©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien
Steve Girard, conseiller municipal et président du comité du Fonds vert, a reçu au nom de la Ville, le dépôt officiel de la déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique.
Sous l’impulsion de militants écologistes locaux bien décidés à sensibiliser la municipalité aux enjeux environnementaux, les élus matanais ont adopté, lundi soir, lors de la dernière séance publique du conseil municipal, la déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique, sous les applaudissements d’une salle civique près de quatre fois plus remplie qu’à l’ordinaire.
Une trentaine de citoyens et citoyennes inquiets de la menace que les bouleversements climatiques font peser sur nos sociétés ont procédé à la lecture solennelle, dans la soirée du lundi 19 novembre, de la « déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique », dont le texte a déjà été déposé dans plusieurs municipalités du Québec, dont notamment Rimouski, Montréal, Sherbrooke et Saguenay. À tour de rôle, plusieurs militants de tous âges se sont relayés pour venir s’adresser aux élus et leur lire l’intégralité du texte lancé cette année à l’échelle nationale par un groupe de mobilisation environnementale avec l’objectif de mieux outiller les citoyens pour interpeller les municipalités sur l’urgence d’accélérer le combat, à toutes les échelles, contre l’impact néfaste de l’homme sur son environnement.
« Les changements climatiques coûtent cher et sont désastreux sur plusieurs plans, autres qu’économique. Demander un plan de transition d’urgence, ce n’est pas une utopie mais une demande pragmatique et légitime. Vous êtes notre gouvernement le plus proche. Vous devez agir rapidement par des actions concrètes. Vous avez cette responsabilité », a déclaré Louis-Philippe Cusson, à l’origine, avec d’autres, de cette démarche, avant d’inviter tous les citoyens et citoyennes impliqué(e)s dans cette action à se lever pour la lecture collective de la déclaration, disponible sur internet.
« Seules la reconnaissance de l’état d’urgence climatique et la mise en place de plans de transition d’urgence peuvent contrer un effondrement économique, une crise de santé publique, une pénurie alimentaire mondiale, un anéantissement de la biodiversité et des crises de sécurité nationales et internationales d’ampleur sans précédent », conclut ce texte, en rappelant l’urgence de sortir le plus rapidement possible de la dépendance aux énergies fossiles pour rentrer dans une société neutre en carbone.
©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien
Près d'une trentaine de citoyens et citoyennes concerné(e)s par les questions environnementales ont procédé lundi soir à la lecture collective de la déclaration citoyenne universelle d'urgence climatique.
« Il va falloir poser des gestes à la hauteur des enjeux. Je suis une citoyenne de Matane-sur-mer. On vit directement les changements climatiques chez nous et on se sent souvent un peu laissés à nous-mêmes, alors on aimerait que la Ville prenne le leadership dans ce dossier. » - Diane D’Astous, membre de la délégation venue à l’hôtel de ville de Matane lundi soir
Les impacts des changements climatiques en Matanie
Tout en saluant les différentes actions déjà menées par la Ville pour apporter sa pierre à l’édifice de la protection de l’environnement, plusieurs citoyens ont rappelé l’urgence d’agir et les effets mesurables sur la Matanie de la crise climatique actuelle. Louis-Philippe Cusson a rappelé notamment les effets de la sécheresse estivale sur les agriculteurs de la région mais aussi les conséquences funestes des pics de chaleur sur la mortalité des personnes âgées au CHSLD de Matane. Une autre citoyenne a montré son impatience sur le dossier du compostage, invitant la Ville à plus de proactivité sur le sujet.
« Il va falloir poser des gestes à la hauteur des enjeux. Je suis une citoyenne de Matane-sur-mer. On vit directement les changements climatiques chez nous et on se sent souvent un peu laissés à nous-mêmes, alors on aimerait que la Ville prenne le leadership dans ce dossier », a demandé pour sa part Diane D’Astous, en proposant une plus grande électrification du parc automobile et un accroissement du dialogue avec les commerçants pour interdire certains types de plastiques à usage unique.
©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien
Louis-Philippe Cusson, à l'origine, avec d'autres, de la démarche lancée à Matane, a rappelé que la municipalité devait jouer son rôle de gouvernement de proximité en s'emparant du dossier.
La prise de conscience collective de cette lutte a été illustrée par ailleurs par une orientation unanimement environnementale des questions posées ce soir-là aux élus à l’issue de la séance publique, y compris par des citoyens ne faisant pas partie de la délégation venue lire la déclaration d’urgence climatique. Des habitués du conseil municipal ont ainsi pris la parole pour demander notamment plus de poubelles dans le centre-ville, afin de lutter contre les déchets jetés dans les rues, se sont insurgés contre des déboisements jugés catastrophiques dans la réserve faunique et ont demandé plus de services à proximité du centre, dont la prochaine piscine et des terrains de tennis, pour limiter les déplacements automobiles.
Les élus prêts à agir
« Les changements climatiques sont là. On le voit par les températures et les hautes marées, par l’érosion des berges. La Ville doit être encore plus proactive dans ce dossier et agir en concertation avec la population, pour bâtir des projets à partir des différentes idées soumises », a souligné le président du comité du Fonds vert de la Ville de Matane, Steve Girard. Selon lui, cette prise en main des municipalités devrait permettre d’interpeler le gouvernement caquiste avec plus de poids, pour leur demander un soutien financier plus important pour poser des actes concrets dans la protection de l’environnement.
Parmi les actions déjà menées sur ce terrain, la Ville a rappelé lundi soir, entre autres mesures, la mise en place d’un volet environnemental dans son dernier budget participatif ou encore les différents projets soutenus par le Fonds vert comme l’achat de vaisselle lavable par le comité centre-ville, l’installation de fontaines à eau dans des bâtiments publics ou encore le soutien à la bourse du carbone Scol’ERE, favorisant le développement d’ateliers dès le primaire sur les changements climatiques. La Ville de Matane a aussi procédé lundi soir à une demande auprès du ministère des Transports d’ajout d’une piste cyclable sur la route 195, lors de la réfection d’un tronçon prévu l’année prochaine à la hauteur du club de golf.
« Matane fait partie des villes au Québec les plus affectées actuellement par l’érosion et la projection de glaces depuis les berges durant l’hiver. Des citoyens matanais ont démontré beaucoup d’intérêt et d’initiatives dans le dossier de l'environnement, par exemple sur le transport. On ne veut pas être passifs là-dessus », a annoncé pour sa part le maire, Jérôme Landry, en évoquant sa volonté de mettre en place rapidement une analyse sur les impacts potentiels de la Ville de Matane sur les changements climatiques, afin d’avoir un plan structuré pour s’adapter à ces bouleversements, mieux les anticiper et en réduire ainsi la facture.
©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien
La déclaration citoyenne universelle d'urgence climatique a déjà été déposée durant l'automne dans des villes comme Sherbrooke, Montréal, Saguenay et Rimouski.
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Commentaires
29 novembre 2018
Maryse desrosiers
Ramasser et diminuer les déchets est bien louable mais pour lutter contre les changements climatiques il faut impérativement réglementer le chauffage au bois bien trop abusif ici.