Deux anniversaires d’exception fêtés par Sylvain et Doris Ross aux Jardins de Doris de Matane

Un sommier, une vieille auto en ruine, divers matériaux de construction enfouis sous terre, difficile d’imaginer les origines peu reluisantes de ces terrains acquis en 1998 par Sylvain et Doris Ross, deux passionnés d’horticulture, dont l’ambition et la ténacité transparaissent dans la beauté du site actuel, qui confondrait tous les sceptiques ayant pu douter à une époque du potentiel touristique de cet ancien dépotoir clandestin. Devant célébrer leurs 20 ans le samedi 17 août, à l’occasion d’un méchoui animé par le chansonnier Jean-Pierre Bérubé, les Jardins de Doris, qui avaient attiré près de 8 000 personnes en 2018, selon ses propriétaires, majoritairement des touristes de passage, devraient connaître des résultats encore meilleurs cette année, lorsque viendra l’heure du bilan, à l’automne, si la courbe des fréquentations estivales se maintenait au même rythme.

Pas moins de 500 personnes avaient visité notamment le site en une seule journée lors des portes ouvertes organisées le 13 juillet. Le nouveau stationnement, construit au coût de 3 000 $ par la Ville de Matane au début de la saison sur ses terrains de l’ancienne usine RockTenn, près de la clôture ceinturant le site industriel, a permis notamment aux visiteurs de rejoindre les jardins botaniques en quelques minutes à pied, en circulant sur la piste cyclable de l’avenue Henri-Dunant. « On est content de cette belle collaboration avec la Ville, qui nous a définitivement aidés », s’est réjoui Sylvain Ross.

Deux anniversaires majeurs     

Pour les propriétaires des lieux, Sylvain Ross et Doris Côté, ancien machiniste et ancienne travailleuse dans le domaine médicale, dont la passion pour l’horticulture avait été soulignée dans les années 1990 par leur participation à des grands prix de jardinage québécois, pour les aménagements paysagers effectués devant leur résidence, deux anniversaires résonneront cet été avec une plus grande ferveur : leurs 50 ans de mariage, fêtés le 26 juillet, et les 20 ans de leurs jardins, des noces d’or et de porcelaine qui donnent à leurs yeux bleus une teinte encore plus éblouissante qu’à l’ordinaire, l’évocation de ces célébrations les poussant à partager des regards tendres et complices qui expliquent comment, à deux, pouvant compter l’un sur l’autre, et sur l’aide de nombreux bénévoles qu’ils remercient, ces passionnés sont parvenus à réaliser leur rêve de création d’un jardin botanique à leur retraite. Le méchoui du 17 août permettra de souligner ainsi les premiers travaux d’aménagement effectués sur le site avant même son ouverture au public, en 1999, du déboisement à l’aménagement d’un ruisseau, en passant par la création de rocailles géantes, de maisonnettes et d’un poste d’accueil.  

Un rôle de réinsertion      

L’autre volet du site repose dans l’organisme Les Amis du Jardin, fondé en 2002, et pour lequel tous les profits du méchoui du 17 août seront reversés. Il a été créé pour proposer des stages de réinsertion et de formation dans le domaine horticole à des personnes touchées par des risques de marginalisation sociale liés au chômage ou à un handicap. Pas loin de 1 000 personnes, notamment des jeunes, pendant quelques heures ou plusieurs mois, dans le cadre de différents programmes, sont passés dans cet écrin pour se ressourcer, tout en permettant aux Jardins de développer plusieurs projets. « Il n’y a pas de mauvais jeunes, que des mauvais départs », a voulu rappeler Doris Ross, précisant qu’il s’agissait de la mission première des lieux, où des membres du Carrefour jeunesse-emploi et de l’Association des handicapés gaspésiens ont eu aussi l’occasion de réaliser divers travaux communautaires.

Des projets toujours vivaces    

Parmi les nouveautés installées cette année, des bégonias et des lisianthus sont venus notamment enrichir l’impressionnante collection de fleurs vivaces et annuelles plantées sur le site dans des proportions à peu près équivalentes. Une mosaïculture en forme de voilier a été aussi aménagée sur place et des travaux d’entretien doivent être effectués régulièrement sur les maisonnettes bâties pour les enfants sur la thématique des contes. En plus des Trois petits cochons, de Blanche-Neige et les sept nains, Boucle d’or et Hansel et Gretel, Sylvain aimerait aussi rendre hommage à Peter Pan, la Belle au bois dormant et Alice au pays des merveilles.

Les propriétaires de ces 200 000 pieds carrés de terrain, qui s’étendent jusqu’à la piste cyclable et au parc des Castors, regorgent d’idées variées pour leurs jardins comme l’organisation d’un symposium de peinture, le développement de leur collection de papillons de jour et de nuit dans des volières ou encore l’installation d’un anneau de glace durant l’hiver. Ils entretiennent aussi leur collection de bonsaïs, cultivés à partir d’essences d’arbres québécois. Le couple, qui commence à réfléchir de manière plus active à sa relève, ne déborde pas moins d’idées de développement pour cet écrin floral aménagé près du centre-ville. « Nous avons tellement de projets pour les jardins qu’à notre âge, nous aurions l’air de vieux fous », a plaisanté Doris. Si l’on en croit le proverbe, selon lequel « la semence des fous est fort fructueuse », leur ambition ne devrait pas manquer de hisser les lieux vers de nouveaux sommets.