La fréquentation touristique au bureau d’accueil de Matane chute de 36,7 % : quelles réponses apporter ?

Si une diminution de la fréquentation touristique au bureau d’accueil de Matane avait été anticipée pour les mois de juin et juillet, la fin des travaux de rénovation du phare, à la veille des vacances de la construction, et la première traversée du Saaremaa, le 10 juillet, auraient pu inverser la tendance. Or, bien que la chute se soit atténuée en août et septembre, les lieux ont continué à accueillir moins de touristes. Dans le détail, la fréquentation en juin, juillet, août et septembre 2019 a connu une baisse respective de 54 %, 42 %, 30 % et 26 %. Avec 10 861 visiteurs entre juin et septembre, 11 098 si on ajoute le mois d’octobre, le bureau d’accueil connaît son année la moins achalandée depuis les 11 404 personnes reçues en 2014. Depuis cette date, la fréquentation avait connu une hausse constante. De quoi interroger la responsable des préposés à l’accueil, Suzy Bergeron, et la technicienne en récréotourisme de la MRC, Valéry Landry-Cayouette.

« Une baisse similaire s’est également fait sentir dans tout le réseau des lieux d’accueil touristique de la Gaspésie. Plusieurs facteurs sont à considérer. Est-ce que les voyageurs planifient mieux leur voyage qu’avant ? Avons-nous de meilleurs outils qui s’occupent de bien informer nos visiteurs ? Est-ce un épisode anecdotique ou une tendance qui se dessine pour les prochaines années ? », se sont-elles questionnées. L’apparition d’internet et de nouvelles façons de préparer son voyage avait déjà été montrée du doigt par le passé pour expliquer certaines baisses, notamment entre 2004 et 2008, où l’achalandage était descendu de 22 128 à 12 337 personnes à Matane, avant une remontée à 16 612 puis 19 685 visiteurs en 2009 et 2010, suivi d’une nouvelle baisse, renversée en 2014.

Quels enseignements ?            

Après avoir consulté des membres de l’industrie touristique, l’équipe du bureau d’accueil de Matane s’est aperçue que la diminution des visiteurs sur place n’était pas toujours corrélée avec la fréquentation de certains sites comme le Vignoble Carpinteri et les Jardins de Doris, qui ont connu une hausse d’achalandage, tout comme le poste d’observation des saumons du centre-ville et les séjours d’initiation à la pêche sur la rivière-école. Malgré tout, si des hébergements ont connu une bonne saison, d’autres ont mentionné avoir subi de plein fouet l’impact de l’incertitude de traversier stable à Matane, avec plusieurs annulations de dernières minutes. Si la part des touristes québécois, majoritairement des régions de Montréal, de Québec et de la Montérégie, est passée de 70 à 77 %, les visiteurs des autres provinces canadiennes affichent une baisse de 9 %. La part des Européens est passée quant à elle de 12 à 15 %, majoritairement originaires de France.

Par ailleurs, le site internet tourismematane.com a obtenu cette année une visibilité de 167 847 pages vues, avec une durée moyenne de 2,12 minutes par session. Le circuit « Histoire et saveurs de la Matanie », mis en place par le professeur d’histoire Louis Audet dans le cadre du 90e anniversaire du tour de la Gaspésie, a permis des investissements de 1 111 $ chez des entreprises participantes. La navette estivale entre Matane et la réserve faunique a accueilli pour sa part 421 usagers et l’exposition permanente installée au sous-sol sur l’expérience hivernale en Matanie, ayant attiré 1 500 personnes, a permis de retenir plus longtemps les visiteurs au bureau d’accueil. Enfin, 1 342 vacanciers ont bénéficié des visites guidées de la tour du phare organisées durant l’été.

« Il devient indispensable de prendre en considération les enfants dans l’accueil avec des brochures et un espace réservé pour eux. Notre lieu ne doit pas être un simple bureau d’accueil, mais doit continuer à se diversifier pour devenir un attrait en lui-même. Par le biais des visites guidées de la tour du phare, la localisation d’une boutique d’artistes et d’artisans locaux, la création d’une exposition gratuite qui fait découvrir les beautés de notre territoire hivernal, nous somme sur la bonne voie », a conclu le rapport, en rappelant que le bureau de Matane aurait généré des dépenses supplémentaires de 898 620 $ en Matanie grâce aux différentes suggestions prodiguées sur place.