Covid-19
Retour15 janvier 2024
Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca
Des prêts qui font mal aux petits commerces, dénonce une entrepreneure matanaise
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©Photo Dominique Fortier
Annie Tremblay d'Esthétique Aux petits soins de Matane.
L’entrepreneure, Annie Tremblay, de Matane lance un coup du cœur pour que le gouvernement fédéral annule les prêts qui ont été octroyés pendant la pandémie.
La propriétaire du salon d’Esthétique aux petits soins estime que les commerçants qui doivent aujourd’hui rembourser des prêts du gouvernement fédéral ne devraient pas avoir à le faire puisqu’il n’a jamais été leur décision de fermer boutique en premier lieu. « Si l’on se ramène à la fermeture forcée des commerces, on se rappellera qu’on n’a jamais eu vraiment le choix. Soit on se conformait aux directives, soit on était passible d’amendes et même d’emprisonnement », lance Annie Tremblay.
Selon cette dernière, si les entreprises avaient eu le choix, elles auraient été plusieurs à rester ouvertes ou à fermer beaucoup moins longtemps. Dans son cas, elle a dû garder ses clients à l’écart de sa boutique pendant plus de cinq mois pendant que les factures s’accumulaient. « L’hypothèque, les assurances, l’électricité, le téléphone; il fallait tout payer ça même en étant fermés. De plus, lorsqu’on nous a permis de rouvrir nos portes, il a fallu s’équiper de plexiglass, de masques et d’équipement sanitaire. Dans mon cas, je devais me changer à chaque client. Ça faisait beaucoup d’équipement sanitaire à laver ou à jeter. Ce sont des dépenses qui ne me servent plus aujourd’hui. Et je ne parle même pas de toutes les fois où l’on a dû s’ajuster parce que les exigences pour tel ou tel type de masque changeait », poursuit Annie Tremblay.
Pour l’entrepreneure qui a pignon sur rue depuis 30 ans, c’est toute sa vie qui a été fragilisée. « On nous empêchait de travailler, donc de gagner générer des revenus. L’argent qu’on nous a prêté avec des intérêts, c’était simplement pour nous garder à flots. De la manière que je vois ça, on nous force aujourd’hui à rembourser de l’argent que nous n’avons même pas gagné. C’était ça ou la faillite. »
Elle blâme aussi le gouvernement fédéral qui, selon elle, a été laxiste, dans sa gestion de la pandémie. « On savait depuis longtemps qu’il y avait un virus mortel qui circulait et pourtant, on a attendu très longtemps avant de fermer les frontières et les aéroports. Je ne dis pas que le virus ne serait jamais entré au pays, mais on aurait peut être un peu limité les dégâts si le gouvernement avait été davantage proactif. »
Finalement, l’entrepreneure se demande pourquoi des gens qui ont encaissé des chèques de Prestation canadienne d’urgence à tort ont eu droit à la grâce du gouvernement alors qu’on tape sur le clou des entreprises qui sont déjà fragiles avec l’explosion des coûts dans toutes les sphères de marché. « Parfois, on a l’impression qu’il y a deux poids, deux mesures et c’est désolant. Avant d’encourager la création de nouvelles entreprises, pourquoi est-ce qu’on n’essaye pas de sauver celles qui ne demandent qu’à survivre? »
Délai additionnel
La députée d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia, Kristina Michaud, est d’avis que le gouvernement fédéral pourrait effectivement faire preuve de plus de flexibilité, et ce, bien au-delà du deux semaines de grâce qui a récemment été octroyé aux entreprises. De plus, si la somme entière n’est pas remboursée avant la date butoir de janvier 2024, la partie subvention devient un prêt remboursable. « Nous n’avons pas eu la reprise économique espérée après la pandémie. Plusieurs facteurs sont entrés en ligne de compte comme les taux d’intérêts, la hausse des salaires et il y a eu des vagues de pandémie. Ç’aurait été logique d’offrir un sursis supplémentaire pour avoir la subvention. Une année supplémentaire aurait été un compromis plus acceptable. »
Kristina Michaud croit que le gouvernement pourrait prendre des ententes personnalisées avec les entrepreneurs. Encore faudrait-il que ces commerçants puissent parler avec des agents. Elle évoque la flexibilité dont a fait preuve le gouvernement avec les particuliers et la PCU qui pourrait s’appliquer aussi aux commerçants. « Je pense que c’est extrêmement important pour notre santé économique de soutenir nos entreprises, spécialement dans des régions comme les nôtres. Elles sont le cœur de nos communautés et contribuent à la vitalité de nos territoires. »
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