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04 septembre 2024

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Stéphane Pelletier : profession serrurier

MÉTIERS INUSITÉS

Stéphane Pelletier

©Photo Gracieuseté

Stéphane Pelletier est le seul serrurier en Haute-Gaspésie.

Si le métier de serrurier n’est pas si inusité en soi, il en existe très peu au Québec, soit quelques centaines et la relève est maigre. Heureusement, il existe des professionnels comme Stéphane Pelletier qui ont décidé de venir pratiquer en région.

Même s’il a grandi dans la métropole, les racines de Stéphane Pelletier sont à Sainte-Anne-des-Monts. C’est de là que vient sa famille et c’est là que Stéphane se rendait dès qu’il voulait s’évader un peu de la ville. C’est donc la Gaspésie qui a été chanceuse de pouvoir compter sur les services du serrurier Pelletier puisqu’il y a très peu de diplômés chaque année, et encore mois qui décident de venir pratiquer en région. D’ailleurs, avant de venir s’installer à Sainte-Anne-des-Monts, Stéphane Pelletier avait pignon sur rue à Montréal. C’est le manque de main-d’œuvre qui l’a poussé à fermer boutique et s’installer dans la péninsule où il a ultimement fondé la Serrurerie Pelletier, la seule en Haute-Gaspésie.

Mais qu’est-ce qui fait que le métier de serrurier est si particulier selon Stéphane Pelletier? « Lorsque j’ai visité l’orienteur, j’avais les aptitudes pour devenir plombier, mécanicien d’ascenseurs ou serrurier. J’étais plus ou moins intéressé par les deux autres professions même si ça s’avérait plus payant. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix puisque chaque journée est différente. Il n’y a pas de routine. »

Oui mais, être serrurier, ce n’est pas seulement débarrer la porte d’une voiture ou d’une maison dont le propriétaire a oublié les clés à l’intérieur? « Non, pas du tout, lance Stéphane Pelletier. C’est un métier qui apporte son lot d’aventures et d’anecdotes. C’est aussi une profession qui oblige à être compétent en installation de portes, en prévention, en sécurité et qui demande beaucoup de discrétion. »

Stéphane Pelletier peut aussi être appelé à réparer des portes qui se referment trop rapidement, donc potentiellement dangereuses. Il peut aussi être sollicité pour développer des systèmes de codage ou ce qu’on appelle des clés maîtresses.

Pas une journée pareille

« Il y a certaines journées où je vais être appelé, oui, à débarrer des portes, mais aussi à appliquer des lois en vigueur ou le gros bon sens. Par exemple, une garderie qui me demande d’installer une serrure sur une sortie de secours. Ça n’avait tout simplement pas de sens. C’est comme se demander si on préfère que des enfants puissent sortir sur une rue peu passante plutôt que de se buter à une porte barrée alors qu’il y a un feu qui fait rage. C’est là que l’aspect éducatif et préventionniste entre en jeu », explique le serrurier.

Stéphane Pelletier explique aussi qu’il y a quand même une satisfaction à être celui « qui règle les problèmes ». Il illustre la situation où une maman sort dans la ruelle pour y déposer ses vidanges et s’embarre à l’extérieur alors que ses enfants sont toujours dans le logement. « Ce n’est plus juste de débarrer la porte. C’est un peu être le héros du jour ou l’aide de dernier recours. Les gens sont contents de nous voir. »

À l’inverse, un serrurier peut être appelé à intervenir en situation précaire, comme dans un cas de violence conjugale où chaque minute est importante. « Dans ce genre de cas-là, on espère ne pas tomber sur le conjoint violent. D’autres fois, on va accompagner des policiers qui veulent récolter des preuves sans détruire la porte qui pourrait contenir des empreintes ou des éléments de preuve. Je me suis déjà vu être obligé de m’habiller en combinaison stérile avec des gants et devoir faire preuve de minutie en débarrant la porte. De plus, on ne sait pas ce qui nous attend de l’autre côté. On ne veut pas nécessairement être le bouclier du policier », ajoute-t-il en riant.

D’autres fois, c’est plutôt de la déception que Stéphane Pelletier lira sur le visage de certains clients. « Dans le cas d’une succession par exemple. Un héritier veut faire ouvrir le coffre de sûreté. Certains s’imaginent trouver des piles de billets de 1 000 $ qui dorment depuis des décennies alors qu’au final, il n’y a quelques papiers légaux.

Confidentialité et proximité

Stéphane Pelletier explique aussi que malgré l’aspect confidentiel de son métier, il lui arrive parfois de refuser des mandats en raison de la proximité des gens dans une petite ville. « Si un huissier de Rimouski me demande d’aller débarrer la porte d’un logement pour une saisie ou une éviction et que ce sont des gens que je connais, il est possible que je refuse. Le huissier ne recroisera pas ces gens tandis que moi, je pourrais très bien me retrouver en présence de ces gens au dépanneur le lendemain. »

D’autres fois, il peut être appelé à se rendre sur des lieux douteux. « Lorsque tu arrives au fond d’un quartier industriel pratiquement abandonné et que tu as une porte blindée à débarrer, on se sent petit. On n’a aucune idée de ce qui se passe à l’intérieur et honnêtement, c’est parfois mieux de ne pas le savoir puisque si c’est aussi douteux que l’extérieur, tu ne veux pas être la dernière personne qui a ouvert cette porte! »

Le métier de serrurier est donc tout sauf banal. Et pour Stéphane Pelletier, chaque journée amène son lot de défis et de surprises. Que ce soit des vieilles serrures des années 70 ultra-résistantes à des portières de voitures modernes qui déclenchent des coussins gonflables au moindre mauvais mouvement, la polyvalence, la prudence et la mise à jour des connaissances est de mise. Chose certaine, le serrurier ne regrette pas son choix de carrière et entend pratiquer son métier encore longtemps.

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