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27 novembre 2024

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Revenu minimum garanti : une proposition polarisante du Dr Yv Bonnier-Viger

HAUTE-GASPÉSIE

Yv Bonnier-Viger.

©Jean-Philippe Thibault - L'Avantage Gaspésien

L'ex-directeur de la Santé publique de la Gaspésie et des Îles, Yv Bonnier-Viger.

L'ex-directeur de la Santé publique de la Gaspésie et des Îles, Yv Bonnier-Viger propose un projet-pilote pour assurer un revenu minimum garanti de 39 000 $ aux citoyens de la Haute-Gaspésie.

L’idée d’un revenu minimum garanti n’est pas une nouvelle idée en soit. C’est un concept qui a déjà évoqué à maintes reprises dans le passé pour soulager les personnes à plus faible revenu. Pour le Dr Bonnier-Viger, le modèle s’appliquerait parfaitement dans une MRC comme la Haute-Gaspésie. Pendant 20 ans, tous les citoyens auraient un revenu garanti de 39 000 $. La MRC de Rocher-Percé serait le penchant comparatif qui n’aurait pas ce programme.

Pour le Dr Bonnier-Viger, le revenu minimum garanti assure aux gens de pouvoir couvrir les besoins de base comme la nourriture et le logement. Selon lui, les personnes deviennent davantage proactifs et s’impliquent davantage dans leurs communautés lorsqu’ils n’ont pas le souci financier de la subsistance de base.  De plus, un revenu plus convenable améliore les conditions de vie des citoyens, tant sur le plan social que sur la santé.

Une proposition semblable avait déjà été faite il y a une dizaine d’années par Québec Solidaire, parti pour lequel Yv Bonnier-Viger était candidat. À l’époque la suggestion était d’offrir 12 600 $ par année. Les choses ont bien changé depuis.

Proposition polarisante

Le directeur du Groupe d’action sociale et psychiatrique des Monts, Jacques Mimeault estime que la proposition vaut la peine d’être entendue et débattue. « Si un spécialiste en santé publique apporte cette idée, je crois que la MRC devrait au moins prendre le temps de l’écouter. Je comprends que ça peut être polarisant, mais il faudrait d’abord creuser le sujet et voir les bienfaits qui pourraient en ressortir. »

Jacques Mimeault souligne le fait que le salaire minimum actuel ne permet pas à tout le monde de payer leur loyer et faire leur épicerie. « Il y a clairement quelque chose qui ne fonctionne pas actuellement. J’ai milité pour une politique sociale lors de la dernière élection municipale, alors que j’étais candidat à la préfecture de la MRC. Bon je n’ai pas gagné, mais n’empêche que je suis toujours convaincu de l’importance d’une telle politique chez nous. Cette proposition est selon moi une très bonne base de concertation pour une telle politique. »

Conscient qu’une telle proposition se doit d’être peaufinée et analysée, Jacques Mimeault reste convaincu qu’il s’agit d’une bonne nouvelle puisqu’on met la lumière sur la réalité difficile que vivent bon nombre de citoyens de la Haute-Gaspésie.

De son côté, la MRC de la Haute-Gaspésie a rejeté la proposition, estimant qu’elle est utopiste. « Dr Yv Bonnier-Viger, pour qui j’ai énormément de respect, a lancé cette idée lors de la conférence administrative des directeurs des ministères de la région. Personne ne savait que cette proposition allait être mise sur la table. Je pense que nous aurions dû être consultés, tout au moins », explique le préfet Guy Bernatchez.

Ce dernier précise que l’ensemble des maires de la Haute-Gaspésie ont reçu cette proposition très froidement. « Posons-nous d’abord la question sur l’enveloppe nécessaire pour réaliser un tel projet. Est-ce que les 350 millions nécessaires sont sur la table? Non. Et je doute fort que le gouvernement aille de l’avant avec une telle mesure. Je ne crois pas que ça vaille la peine de déployer des efforts pour aller chercher cette somme au gouvernement quand on sait déjà que ça ne fonctionnera probablement pas. »

Guy Bernetchez apporte un autre argument sur la table. « Admettons que nous avons accès à 350 millions demain matin. Est-ce qu’on ne pourrait pas l’investir plus judicieusement pour se développer ou soutenir des organismes communautaires plutôt que d’attirer des gens qui pourraient profiter du système. On en a eu un avant-goût avec la PCU pendant la pandémie. »

Le préfet aimerait plutôt voir des solutions comme des subventions salariales aux petites entreprises et aux organismes à but non-lucratif qui seraient beaucoup plus porteuses selon lui. « Ça donnerait des emplois plus alléchants et ça encouragerait les gens à aller travailler. D’ailleurs, il y a plusieurs emplois qui mériteraient d’être mieux rémunérés, mais malheureusement, les entreprises ou organismes n’ont pas les fonds nécessaires. »

Finalement, Guy Bernatchez croit que si un tel projet est financé, ça pourrait fermer la porte à d’autres initiatives. « Si par magie, on nous donne ces 350 millions pour un revenu minimum garanti dans notre MRC, pensez-vous que le gouvernement va nous dérouler le tapis rouge lorsqu’on aura d’autres projets d’envergure à financer? »

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