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07 janvier 2025

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Des lourdeurs administratives font fuir les infirmières de Sainte-Anne-des-Monts

RÉSEAU LOCAL DE SANTÉ

massage femme enceinte

©Photo Depositphotos.com

Selon une infirmière ayant travaillé plusieurs années pour le service d’obstétrique à l’hôpital des Monts, les lourdeurs administratives seraient la source principale du manque de ressources sur le terrain.

Violette (nom fictif) travaille pour une agence qui fournit des infirmières à l’hôpital des Monts depuis plusieurs années à raison de contrats de trois mois. Selon la principale intéressée, si certains gestionnaires tentent de trouver des solutions, d’autres personnes œuvrant dans les hautes sphères du CISSS-Gaspésie compliquent considérablement les choses. « Il y avait trois infirmières qui tenaient le service à flot. Une d’entre elles a été remerciée en raison de son manque d’expérience en obstétrique tandis que les deux autres se sont butées au système. »

On pourrait penser que la direction ferait tout pour accommoder ses infirmières afin d’éviter des découvertures et même des ruptures complètes de services, mais selon Violette, lorsque vient le temps de régler des situations qui pourraient sembler simples en apparence, la roue tourne au ralenti. Il faut d’abord savoir que les infirmières qui proviennent d’agences privées sont hébergées aux frais des hôpitaux qui les embauchent. Or, dans le cas de Violette, lorsque son bail de location venait à terme à la fin juin, un véritable parcours du combattant, semblable à la maison des fous d’Astérix, a débuté. « Le CISSS m’a indiqué que le seul endroit disponible était l’hôtel loft de Tourelle. Or, bien que l’endroit soit propre et accueillant, c’est une solution temporaire pour des professionnels qui doivent y rester quelques mois et non pas une place où vivre à long terme. Dans mon cas, j’envisageais de rester à Sainte-Anne-des-Monts encore un bon bout de temps. J’avais d’ailleurs accumulé beaucoup de choses au fil du temps et je ne me voyais pas retourner là-bas, dans une pièce seule avec mon chien qui jappe dès qu’il entend des bruits dans les lofts avoisinants. »

Violette a donc refusé d’y retourner. On lui a alors proposé de se trouver elle-même un logement à sa convenance et que celui-ci serait ajouté à la liste des hébergements du CISSS. C’est ce qu’elle a fait. Sauf qu’étant en pleine période des vacances des fêtes nationales, personne au service d’approvisionnement n’était en mesure de donner le sceau d’approbation officiel. « Leur solution était donc que je déménage à l’hôtel loft pour quelques semaines en attendant le retour du gestionnaire du service d’approvisionnement. Je pourrais ensuite déménager une nouvelle fois dans le logement que j’avais trouvé. On s’entend qu’à ce point-ci, j’ai l’équivalent de deux gros voyages de VUS d’effets personnels. »

Après avoir manifesté un certain mécontentement face à cette situation absurde, la direction des soins infirmiers a donné son aval pour que Violette déménage dans le nouveau logement qu’elle avait déniché. « Finalement, je m’installe dans ce logement, j’achète ce qui manque pour être entièrement meublée et là, deux semaines plus tard, je reçois un courriel du service d’approvisionnement du CISSS m’indiquant que je ne respectais pas les règles de mon contrat et que le logement ne cadrait pas dans leurs critères même si on m’avait dit le contraire deux semaines auparavant. On m’invitait donc à déménager encore une fois. »

Incapable de rejoindre quelqu’un au service d’approvisionnement, Violette a indiqué au CISSS qu’elle retournerait chez elle en ville si la situation ne se réglait pas. « Finalement, après des échanges de coups de téléphone entre je ne sais trop qui, on m’avise que c’est correct pour les mois de juillet et août et que la situation sera réévaluée par la suite. »

Tout est bien qui finit bien? Eh, non. Les deux mois passent et voilà que le temps est venu de penser à la suite des choses. « On a alors essayé de me recruter pour que je m’installe de façon permanente à Sainte-Anne-des-Monts, à l’emploi du CISSS. J’étais intéressée, mais tant que je ne me trouvais pas de maison à acheter, je n’avais pas envie de payer un loyer puisqu’à salaire équivalent entre l’agence privée et le public, mon seul avantage était l’hébergement fourni. Étant au privé, c’est moi qui paye pour mes assurances et mon fonds de pension », ajoute Violette.

Finalement, à l’échéance de son contrat en décembre, le service d’approvisionnement lui indique que de nouveaux critères sont définis et qu’à partir de maintenant, elle a deux choix : retourner à l’hôtel loft ou dans une maison en colocation avec d’autres ressources, et ce, sans mon animal de compagnie. « On s’entend qu’à ce stade-ci de ma carrière, avec toutes les années d’expérience que je possède et tout le temps que j’ai passé en obstétrique à Sainte-Anne-des-Monts, je n’ai aucune envie de m’installer dans un petit loft ou en colocation comme à l’époque du Cégep. Lorsqu’on considère que je dois être disponible 24 heures sur 24 et que le seul endroit où je peux être lorsque je ne suis pas à l’hôpital, c’est dans mon logement, je m’attends à un peu mieux que ça. »

Devant cette situation, Violette a pris la décision de quitter la Haute-Gaspésie et de se trouver un contrat ailleurs. « C’est dommage car j’aimais l’endroit et mes collègues de travail et j’avais réussi à intéresser d’autres infirmières à venir me rejoindre, mais de la façon dont j’ai été traitée avec l’hébergement ne me donne plus envie de travailler ici. »

L’hôpital des Monts se retrouve donc en rupture de services à nouveau avec la quasi-totalité de ses postes en obstétrique vacants. Et tout ça, selon Violette, en raison des lourdeurs administratives.

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