C’est au tournant des années 2000 que L’Avantage gaspésien a vu le ^mjour à l’initiative de Jean-Claude Leclerc et Gonzague Drapeau qui possédaient déjà le journal L’Avantage à Rimouski. Devant une demande grandissante des clients pour afficher à Matane, les patrons ont flairé une opportunité d’affaires et ont pris la décision de partir un nouveau journal à Matane. « C’était quelque chose de complètement différent, se rappelle Marie-Josée Mailloux, alors conseillère aux ventes à Rimouski. Le journal qui était lancé avait de la couleur et un format différent. Le but était de proposer un produit différent à ce qui existait déjà, soit Le Riverain et La Voix de La Matanie. »

C’est dans un contexte où l’économie matanaise n’était pas à son meilleur que L’Avantage gaspésien a été lancé. L’hebdomadaire était alors appelé à couvrir l’actualité de La Matanie et de la Haute-Gaspésie. La tâche de direction du journal a été confié à Henri Michaud qui assumait aussi le rôle de journaliste. Il s’est monté une équipe de vendeurs et de journalistes. Il a été à la barre du journal pendant environ six mois avant que les rênes du journal soient offertes à Marie-Josée Mailloux. Un autre des objectifs des propriétaires de l’époque était d’amener de la compétition face aux journaux existants. Ce sont les commerçants qui ont ultimement bénéficié de cette guerre des prix alors que les lecteurs avaient deux hebdos qui parlaient d’eux.

Marie-Josée Mailloux, qui oeuvrait déjà pour les journaux depuis 1998 a assumé le poste de direction de L’Avantage gaspésien jusqu’à son départ en 2019. Une de ses premières décisions a été d’embaucher une graphiste de Matane, soit Marie-Noëlle Labonté. « Elle a beaucoup contribué au succès du journal puisqu’elle connaissait fort bien les entreprises du coin. Elle a aussi fait des ventes. C’était ma personne ressource lorsque j’ai commencé comme directrice. »

Pendant cette période, elle aura vécu une pléiade de changements à commencer par une première transaction majeure en 2011 lorsque Transcontinental a fait l’acquisition de L’Avantage gaspésien et de L’Avantage basé à Rimouski. C’est à ce moment qu’on a inséré le cahier Extra à l’intérieur de L’Avantage gaspésien où La Matapédia était couverte, ouvrant ainsi les hostilités contre Québecor dans La Vallée. Transcontinental a opéré ces journaux pendant sept ans où ils ont livré une guerre des hebdos à finir contre Québecor.

C’est finalement en 2013 que cette guerre prendra fin lorsque Transcontinental mettra la main sur les hebdos de Québecor, dont L’Avantage gaspésien. L’entreprise met la clé dans la porte du Riverain et de La Voix de La Matanie laissant L’Avantage gaspésien comme seul hebdomadaire pour couvrir La Haute-Gaspésie et la région de Matane. Pendant cette période, Transcontinental agrandira l’équipe en y ajoutant des conseillers au ventes et des journalistes, dont certains provenaient des journaux de Québecor qui avaient été fermés. Une synergie régionale avait été implantée avec Rimouski comme bureau principal dans l’Est-du-Québec.

Marie-Josée Mailloux a continué à faire prospérer le journal en s’entourant d’une équipe forte, notamment avec Catherine Fournier qui a été son bras droit pendant de nombreuses années. Une partie du travail après cette transaction a aussi été de convaincre les clients et lecteurs fidèles du Riverain et de La Voix de La Matanie de l’épooque d’embarquer dans le bateau de L’Avantage gaspésien. Ce travail était d’autant plus difficile puisque Transcontinental centralisait ses activités à Rimouski.

Toutefois, l’équipe de L’Avantage gaspésien a tenu tête à l’entreprise, voulant conserver son indépendance et prendre ses propres décisions. Un des premiers gains du journal a été d’obtenir son propre site web puisqu’avant, tous les articles de Matane, de la Haute-Gaspésie et de Rimouski étaient hébergés sur un seul et même site, soit celui de L’Avantage de Rimouski. La Haute-Gaspésie a aussi conservé une voix forte dans le journal conservant le même journaliste et la même conseillère aux ventes qu’au temps de Québecor.

On peut donc dire que L’Avantage gaspésien a toujours été « un petit village gaulois » au sein d’un empire médiatique qu’était Transcontinental.

Puis en 2018 sonne la fin du monopole de Transcontinental dans le monde des hebdos qui décide de mettre en vente l’entièreté de ses journaux régionaux. C’est là que Lexis Média (rebaptisé Médialo), groupe dirigé par Frédéric Couture, pratiquement inconnu dans la région, prend le monde par surprise en se portant acquéreur des hebdos de Rimouski, Amqui et Matane en plus de lancer deux nouvelles publications dans la Baie-des-Chaleurs et la Côte-de-Gaspé pour combler le vide laissé par les fermetures du Pharillon et L’Écho de la Baie.

Sous cette nouvelle gouverne, L’Avantage gaspésien regagnera sa pleine autonomie puisque Frédéric Couture est fermement convaincu que les acteurs locaux sont les mieux placés pour mener à bien le destin de leur journal. Dans un contexte où les médias vivent une crise sans précédent, le patron de Lexis Média continue de croire que la présence médiatique locale est cruciale. Ainsi, après le départ de Marie-Josée Mailloux en 2019, une autre directrice, Nadia Reghai, prendra sa place, épaulée par Mélanie Daraîche.

Aujourd’hui, Mélanie Daraîche est toujours en poste et assure le bon fonctionnement du journal. Elle coordonne, éteint des feux, appuie les ventes et veille à ce que le journal soit d’une qualité irréprochable. Alexandre Béland Lamer assure le volet des ventes sur le terrain alors que Dominique Fortier, qui compte 13 années de services, est à la tête de la rédaction et veille également sur Le Laurentien (anciennement L’Avantage).

Comme si tous ces bouleversements n’étaient pas suffisants, L’Avantage gaspésien a également survécu à la pandémie, à la fin du Publisac et au boycott des nouvelles provenant des médias canadiens par Facebook. Malgré tous les changements majeurs en si peu de temps, L’Avantage gaspésien a conservé sa place comme seul hebdo dans la grande région de Matane et de la Haute-Gaspésie. Et l’histoire continue…