Culture
Retour26 mars 2025
Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca
Billy Lebrun : Le plaisir de jouer et de créer

©Photo Dominique Fortier
Billy Lebrun avec l'une de ses créations.
Parce qu’on ne vit qu’une seule fois, il faut en profiter pour faire ce qu’on aime. C’est pourquoi Billy Lebrun laisse libre-cours à son côté créatif qui lui a permis de créer une centaine de guitares de type « cigar box ».
Billy a toujours eu un intérêt pour la musique. Comme tout bon adolescent de son époque, il aimait particulièrement le heavy metal. Puis est venu une période de sa vie où il a eu envie d’explorer d’autres styles musicaux, dont le blues. « Ça venait me chercher. Presqu’autant que le metal. Et c’est en recherchant des chansons sur YouTube que je suis tombé par hasard sur un vidéo de quelqu’un qui fabriquait des cigar box guitars. J’ai découvert qu’on pouvait jouer du metal et du blues avec ce type d’instrument », confie-t-il.
C’est à ce moment que l’intérêt est né pour en créer. Puisqu’il s’agit d’instruments relativement rustiques, donc un manche, des cordes et une caisse de résonnance, il est possible d’en fabriquer sans avoir des connaissances pointues en lutherie. « C’est possible d’en faire à partir de n’importe quoi qui peut servir de caisse de résonnance. Évidemment, il y a les boîtes de cigares, mais ça peut être aussi bien une canne de conserve ou tout autre contenant qui pourrait servir de caisse de résonnance. Et la beauté dans tout ça est que ça donne un instrument qui se tient, qu’on peut jouer et qui offre un son différent tout dépendant des matériaux avec lesquels la guitare a été bâtie. »
Billy Lebrun a donc « mordu à l’hameçon de la création » et compte aujourd’hui une centaine de guitares à son actif depuis 2018. Ce qu’il aime avec ce type de fabrication, c’est l’effet surprise de découvrir un nouveau son. Par la suite, en apprenant des petits trucs à gauche et à droite, il est possible de peaufiner la qualité de l’instrument créé. « Le type de bois utilisé pour faire le manche ainsi que la forme et la profondeur de la caisse de résonnance ont tous un impact sur le son, ce qui donne une personnalité unique à chaque guitare. »
Aujourd’hui, il faut être encore plus imaginatif pour créer une cigar box guitar puisque les boîtes à cigares authentiques de l’époque sont beaucoup plus difficiles à trouver. Il existe toutefois des alternatives comme des boîtes à munitions en métal ou toute autre caisse de résonnance comme une panne à gâteaux. « Et lorsqu’on construit ce type de guitare, il y a également tout le reste des pièces qui peut être créé. Par exemple, la pièce utilisée pour tenir les cordes à la base de la guitare peut être un bout de passoire ou même une fourchette avec les dents repliées », ajoute Billy Lebrun, qui mentionne au passage le volet récupération de vieux objets qui s’ajoute à l’équation.
Très peu de concepteurs de cigar box guitars existent au Québec. C’est pourquoi Billy a des clients provenant d’un peu partout en province. « J’ai un musicien qui est venu me voir avec une idée de son bien précis qu’il voulait reproduire. En essayant toutes les guitares que j’avais en stock, il en a trouvé une qui correspondait au son désiré. C’est rustique, c’est brut, c’est un peu imprécis, mais c’est le charme de l’instrument. Ça va chercher le côté « roots » comme on dit dans le jargon. Plus proche d’ici, un gars comme Antoine Hamilton utilise mes guitares pour se produire sur scène. »
Une passion pour le jeu
Outre la musique, Billy est aussi un grand passionné de jeu. Il a toujours aimé les jeux de rôles de style Donjons et Dragons et les jeuxde cartes comme Magic The Gathering. Il a d’ailleurs remporté un tournoi il y a quelques mois en compagnie de son partenaire de jeu, Raphaël Lévesque.
À un certain moment donné, un ami a offert à Billy, le jeu Emmerlaüs où le but est d’éliminer les autres apprentis-magiciens à l’aide de sorts et d’objets. Le jeu nécessite aussi l’utilisation de dés. « J’ai aimé la conception du jeu et ça m’a donné envie d’en créer un. Je l’ai baptisé Les Guerriers du Grimoire. Après l’avoir peaufiné, j’en ai fait imprimer quelques copies et j’aimerais le faire connaître davantage. Je l’avais d’ailleurs proposé lors de concours de jeux de société. »
Une autre fois, c’est en camping avec son fils et un jeu de cartes traditionnel que le flux créatif est passé en deuxième vitesse. « On avait alors séparé les noirs des rouges pour en faire deux armées. Chacun des quatre signes, cœur, pique, trèfle et carreau, était un type de créature différente et les chiffres sur les cartes leur donnait une puissance différente. J’ai aussi développé un jeu semblable aux échecs avec une grille plus imposante. »
Le plaisir pour Billy est, oui évidemment de jouer, mais au-delà de cela, il retrouve tout autant de satisfaction dans tout le processus créatif. Qui sait, peut-être un jour, deux apprentis-magiciens s’affronteront dans une partie épique des Guerriers du Grimoire en onvoquant Le sortilège de l'oeil désorbité d'Arimel.

©Photo Dominique Fortier - L'Avantage Gaspésien
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