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31 mars 2025

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Protection du caribou : la Haute-Gaspésie exige un plan cohérent

SAINTE-ANNE-DES-MONTS

Caribou

©Photo Dominique Fortier

L’image était forte alors qu’une trentaine de personnes étaient présentes derrière le lutrin pour demander une intervention rapide du gouvernement du Québec dans le dossier de la protection du caribou.

Les maires, le préfet de la Haute-Gaspésie, les acteurs socioéconomiques et des entrepreneurs ont tous parlé d’une seule voix pour exiger que le gouvernement du Québec lève les mesures de protection actuelles et retourne à la table à dessin.

L’image était forte alors qu’une trentaine de personnes étaient présentes derrière le lutrin pour demander une intervention rapide du gouvernement du Québec dans le dossier de la protection du caribou. Pour le préfet de la Haute-Gaspésie, Guy Bernatchez, les mesures mises en place sont « abusives et asphyxient l’économie de la région. »

Le message était simple : protéger le caribou tout en permettant aux communautés de se développer. « Depuis cinq ans, le gouvernement faillit lamentablement à cette tâche. Il est en train de sacrifier l’avenir de notre région », explique le préfet Bernatchez, tout en mentionnant que les mesures intérimaires imposées en 2019 ont les mêmes effets que si elles étaient permanentes puisqu’elles plongent le milieu dans l’incertitude et refroidissent les ardeurs des entrepreneurs et promoteurs.

Après la fermeture annoncée de Damabois à Cap-Chat et la fermeture des chemins forestiers qui pourraient également avoir un impact sur la chasse, les possibilités de développement en Haute-Gaspésie se font de plus en plus rares. Développement éolien, ski hors-piste, sylviculture, récréotourisme et autres sont tous des secteurs compromis dont dépend la Haute-Gaspésie pour faire vivre son économie.

Pour les élus, une zone de protection projetée de 5 000 kilomètres carrés pour aider la restauration du caribou est impensable puisqu’elle bloque entièrement l’accès à l’arrière-pays sur une superficie comparable à cinq fois l’île de Montréal. « On veut s’épanouir comme n’importe quelle MRC au Québec. On demande au premier ministre d’intervenir rapidement pour suspendre immédiatement les mesures intérimaires de protection du caribou et une directive claire à l’effet que les mesures proposées dans le projet pilote d’avril 2024 ne s’appliquent pas car elles n’ont jamais été adoptées », ajoute le préfet.

Trop de risques, trop d’inconnus, trop compliqué

 

Le maire de Sainte-Anne-des-Monts, Simon Deschênes, a apporté son expertise en lien avec le développement éolien, étant président de la Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et en toile de fond la volonté d’Hydro-Québec de lancer des appels d’offres pour une capacité de 10 000 mégawatts en énergie éolienne. « La simple annonce du projet pilote a eu pour effet de soustraire la Haute-Gaspésie des secteurs envisagés pour l’implantation de projets éoliens pour les prochaines années. Trop de risques, trop d’inconnus, trop compliqué disent les promoteurs potentiels. Ce sont 300 emplois pendant la construction d’éoliennes que nous n’aurons pas, sans parler des retombées directes et indirectes évaluées à 400 millions de dollars. »

La présidente de la Chambre de commerce de la Haute-Gaspésie, Paule Ménard-Pelletier, a débuté son allocution en citant François Legault. « L’incertitude est un poison pour l’économie. L’incertitude rend frileuses toutes les entreprises qui ont des projets d’investissement. C’est un peu comme si l’économie du Québec et du Canada était sur pause… Je suis d’accord avec vous M. Legault. Sauf que cette incertitude, elle persiste depuis six ans en Haute-Gaspésie. »

Sara-Maude Poirier de Cap-Castor ski hors-piste a rappelé que le récréotourisme est devenu un pilier de la région. « Nous avons adapté nos pratiques et développé des projets en harmonie avec les objectifs de conservation, mais malgré notre bonne volonté, le gouvernement met de l’avant des mesures qui mettent toute notre industrie en péril. »

L’industrie forestière mise à mal

 

Le directeur de l’approvisionnement chez Damabois, Harold Truchon, a indiqué que la décision de stopper la production à l’usine de Cap-Chat est un dernier recours après avoir, à de multiples reprises, sonné l’alarme auprès du gouvernement du Québec. « Nous avons investi 30 millions dans cette usine et aujourd’hui, on doit remercier 18 employés car la perte d’accès au territoire a rendu nos coûts d’exploitation insoutenables. On fait face à une approche rigide, sans nuance et qui ne tient pas compte des réalités régionales. »

L’ex-directeur du Groupement forestier Shick-Shock, Michel Marin, ajoute son grain de sel en mentionnant que les coûts pour le transport et le logement des travailleurs qui doivent oeuvrer à l’extérieur de la Haute-Gaspésie sont énormes. « Les conséquences sur la rentabilité de ces entreprises sont majeures et si ça se poursuit dans le temps, ça serait dramatique. »

Maintenant président de la Corporation de développement touristique Chic-Chocs-Haute-Gaspésie, Michel Marin admet que le plan d’action subventionné à coup de millions par le gouvernement fédéral frappe un mur. « Si on veut se donner une chance de rattraper le temps perdu en détaillant un plan d’activités touristiques du littoral jusque dans les Chic-Chocs, il faut que le gouvernement revoit son plan de protection du caribou qui n’est tout simplement pas bon. Il est irréalisable en Haute-Gaspésie parce qu’il prive la région de ses ressources qui ont le potentiel de faire notre richesse. »

Finalement, le maire de Cap-Chat, Marcel Soucy, parle aussi de l’incertitude qui fait mal à tous les secteurs. « Si on regarde partout autour de nous, il y a une faune et une flore excessivement riches auxquelles nous avons toujours fait attention. Que le gouvernement se réveille et nous donne l’autorisation de ramasser notre bois et gérer notre territoire comme on l’a toujours fait depuis les années 1800. »

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